Opérations effectuées par la police allemande dans les communes de Belcaire et Camurac.
Lundi matin, 29 novembre 1943, simultanément vers 8h00 et 9h00, 100 à 120 militaires de l’armée allemande accompagnés par des agents en civil de la police allemande, sont arrivés en camions et camionnettes dans les communes de Belcaire et Camurac.
Dès leur arrivée, ils ont occupé les diverses routes à la sortie des villages, cerné plusieurs maisons, et procédé à diverses perquisitions.
A la suite de ces opérations qui ont duré de 8h00 à 16h00, de nombreuses personnes ont été arrêtés.
A Belcaire :
MAUGARD Léon, Firmin, né le 31/10/1890 à Belcaire, marié, un enfant, maire de la commune.
MARTRE Jean, né le 23/01/1904 à Belcaire, marié, 3 enfants, docteur en médecine.
BAYLE René, né le 28/12/1908 à Belcaire, marié, 1 enfant, hôtelier.
De MARCHI Raymond, né le 01/02/1915 à Langon, célibataire, menuisier.
DIEUZERE Victor, Joseph, né le 10/05/1908 à Belcaire, marié séparé de corps, menuisier.
TOUSTOU Julien, né le 8/12/1902 à Belcaire, menuisier.
AURIOL Alexandre, né le 17/10/1917 à Maury (Pyrénées Orientales), chauffeur.
TEUILLERES Raymond, né à Perpignan, cultivateur, domicilié à Ax les Thermes, faisant de fréquent séjours à Belcaire.
A Camurac :
VACQUIE Jacques, né à Camurac le 17/11/1898, marié, 3 enfants, industriel, maire de la commune, conseiller départemental.
FOURNET René, né à Bordeaux le 11/04/1903, marié, un enfant, chauffeur au service de Mr VACQUIE.
TOUSTOU François, né à Camurac le 20/10/1900, marié, sans enfant, scieur.
ARNAUD Baptiste, né le 22/11/1919 à Belcaire, scieur.
VANNUYSSEU Rolland, né le 16/07/1913 en Vendée.
SUBRA Marcel, né à Massat (Ariège) le 3/10/1901.
En outre, a été blessé à Belcaire : PINAUD Jean Joseph, 17 ans, né à Belcaire, travaillant à la menuiserie TOUSTOU, invité à s’arrêter par les militaires allemands, aurait compris le contraire et aurait fui. Les allemands ont alors tiré sur lui.
A été tué à Camurac : CASTELLA Pierre, né au Clat le 15/01/1878, cultivateur, celui-ci se rendait aux champs, porteur d’une bêche, lorsqu’il fut invité à s’arrêter par une des sentinelles postée à la sortie du village. N’ayant pas compris l’injonction qui lui était faite, CASTELLA aurait levé sa bêche, peut etre pour la poser à terre. Ce geste a été mal interprété par la sentinelle allemande qui a cru à une agression et l’a tué d’une seule balle de mitraillette.
Des renseignements recueillis sur place, il résulte que les allemands, recherchaient dans ces régions, des réfractaires ou des terroristes qu’ils croyaient cachés chez l’habitant, ainsi que les chefs présumés d’une organisation de passages clandestins en territoire espagnol.
Cette opération semble avoir été décidée à la suite des investigations effectuées il y a une dizaine de jours, par deux individus, ayant couché et déjeuné à l’hôtel BAYLE à Belcaire et chez Mr VACQUIE, maire de Camurac.
Il n’a pas été permis d’identifier ces deux personnes et les renseignements recueillis auprès des habitants et des familles éprouvés par les événements, sont à ce sujet contradictoire.
Si on en croit certains témoignages, ces deux individus à leur passage à Belcaire se seraient dits marchands de bois. A Camurac, au cours du repas pris chez le maire, l’un d’eux, causant bien notre langue, aurait déclaré etre de Narbonne, l’autre Alsacien. Ce dernier âgé de 28 ans environ, aurait fait ses études à Berlin. Il causait très peu le français.
Tous d’eux auraient demandé d’abord à travailler à la scierie de Mr VACQUIE. Ils auraient manifesté ensuite le désir de passer en Espagne et demandé conseil au maire. Celui qui se disait de Narbonne aurait présenté au cours de la conversation une pièce d’identité qu’il aurait dit etre fausse.
D’aucuns déclarent que ce dernier était français et appartenait au groupement de la milice. Cette assertion n’a pu etre vérifiée. Notons d’ailleurs que le contrôle au registre d’hôtel chez Mr BAYLE, n’a pu etre effectué, le feuillet où les intéressés avaient inscrit leur identité ayant été arraché lors de la perquisition à l’hôtel, probablement par la police allemande. Ajoutons en outre, que l’individu se disant Alsacien a été reconnu par diverses personnes comme ayant participé à l’opération du lundi.
Cette arrivée en force de militaires allemands et les événements qui en ont découlé ont causé une profonde émotions dans le canton de Belcaire où les personnes arrêtées étaient avantageusement connues et très estimées.
Les procédés employés par l es allemands sont réprouvés de tous mais peu commentés, les habitants de ces communes étant encore sous l’effet de la frayeur. A Belcaire, en particulier, ils ont mitraillé la maison du docteur MARTRE, et se seraient livrés ensuite à quelques voies de fait sur les personnes arrêtées.
Quoiqu’il en soit cette opération n’a pas donné aux allemands le résultat escompté puisqu’elle n’a amené l’arrestation d’aucun élément réfractaire ou terroriste.
Lettre du 1 décembre 1943, du Commissaire de police, chef du service renseignements généraux de Carcassonne au préfet de l’Aude.
Source : AD11