Jean Belbéze : Une Vie de Tumultes et de Tragédies
Jean Belbéze voit le jour le 5 mars 1883 à Montréal, une petite commune de l’Aude, dans une famille modeste de métayers. Fils de Bernard Belbéze et Françoise Satgé, il grandit dans un environnement rural où le travail de la terre façonne les hommes dès leur plus jeune âge.
Une Jeunesse Marquée par les Écarts de Conduite
Dès son enfance, Jean connaît des démêlés avec la justice. En 1893, à l’âge de 10 ans, il est traduit devant le tribunal correctionnel de Béziers pour vol, mais est acquitté en raison de son jeune âge. L’année suivante, il est de nouveau condamné et envoyé en maison de correction jusqu’à ses 18 ans. Malgré ces premières expériences judiciaires, il récidive en 1896 et se retrouve une nouvelle fois en maison de correction jusqu’à ses 20 ans pour vol et mendicité.
À sa sortie, il tente de reprendre une vie plus stable et en 1903, il est cultivateur à Arzens. Mais son destin bascule encore une fois lorsqu’il est appelé sous les drapeaux.
Un Parcours Militaire Agité
Jean est incorporé le 15 novembre 1904 au 159e Régiment d’Infanterie à Briançon. Son service militaire est émaillé d’incidents : en 1905, il est condamné pour escroquerie, puis pour désertion. Les années qui suivent sont marquées par des affectations successives entre divers régiments et des séjours en prison militaire.
Engagé dans l’infanterie d’Afrique, il participe aux campagnes en Tunisie et sur le front contre l’Allemagne pendant la Première Guerre mondiale. Toutefois, son comportement insubordonné le rattrape. Il est déclaré déserteur à plusieurs reprises et condamné par différents conseils de guerre. En 1917, après une nouvelle désertion en plein conflit, il est condamné à quatre ans de travaux publics et incarcéré dans une prison de l’Aude.
Une Vie Marquée par les Condamnations et les Épreuves
Il épouse Marie Jeanne Guilhaumon en 1919, avec qui il a un fils, Augustin Fernand Belbéze, né en 1924. Mais leur union se solde par un divorce. Il se remarie ensuite avec Blanche Thérèse Escaffre en 1939, à Carcassonne.
Entre-temps, ses ennuis judiciaires ne s’arrêtent pas : en 1923, il est condamné à 200 francs d’amende pour coups et blessures. Il semble toutefois se stabiliser en exerçant divers métiers, principalement celui de cultivateur, puis plus tard, fossoyeur à Carcassonne.
Une Fin Tragique : Mort pour la France
La Seconde Guerre mondiale bouleverse à nouveau sa vie. Le 20 août 1944, alors que l’armée allemande en pleine retraite sème la terreur sur son passage, Jean Belbéze est pris dans un massacre perpétré par un détachement nazi en furie. Ce jour-là, à Carcassonne, Quai Riquet, il est fusillé avec d’autres victimes civiles. Il meurt à 61 ans, laissant derrière lui une vie marquée par les errances, la guerre et la souffrance.
Son sacrifice ne passe pas inaperçu : Jean Belbéze est reconnu « Mort pour la France », et son nom est gravé sur plusieurs plaques commémoratives à Carcassonne, notamment Quai Riquet et le Parvis Saint-Michel. Il repose aujourd’hui au cimetière Saint-Michel, carré 16, rendant un ultime hommage à cet homme dont la vie fut marquée par les tumultes, mais dont la mémoire perdure dans l’histoire
Source : AD05 – AD11 – AD87 – MDH – Cimetière Saint Michel