Gabriel Casimir Marius JASSIN (1893-1944) – Un destin brisé par l’Histoire
Gabriel Casimir Marius JASSIN est né le 11 mai 1893 à l’Hospice d’Agen (Lot-et-Garonne). Il est le fils légitime de Thérèse JASSIN, née en 1864 à Mende (Lozère), ménagère et de père inconnu. Sa naissance hors mariage et les conditions modestes de sa famille marqueront son existence.
Il passe son enfance à Carcassonne, où il est recensé en 1906 avec sa mère et sa sœur Clémence Thérèse JASSIN, née en 1897. Malheureusement, Clémence meurt à l’âge de 8 ans, en 1906, laissant Gabriel comme unique enfant survivant de Thérèse. À cette époque, la famille réside Place des Armes, un quartier populaire de Carcassonne. Il est noté sur les documents administratifs que Gabriel ne sait ni lire ni écrire, ce qui est confirmé par son incapacité à signer son propre nom.
Un soldat de la Grande Guerre
En 1913, à l’âge de 20 ans, Gabriel est appelé sous les drapeaux et passe son recensement militaire à Carcassonne. Il est décrit comme un homme de 1m68, au visage rond, avec des cheveux et yeux châtains, un front ordinaire et un nez fort. Il est incorporé le 27 novembre 1913 au sein de la 16e section des commis ouvriers et administration, où il sert comme soldat de 2e classe.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en août 1914, il est mobilisé et participe à plusieurs campagnes :
- Du 2 août au 1er novembre 1914 : il sert en zone intérieure.
- Du 2 novembre 1914 au 30 octobre 1915 : il est affecté aux armées, au cœur des combats.
Le 30 octobre 1915, alors qu’il est engagé sur le front à Sommepy-Tahure (Marne), il est fait prisonnier par les Allemands. Il est envoyé dans un camp à Darmstadt, en Allemagne, où il reste captif pendant trois ans, du 30 octobre 1915 au 12 décembre 1918. Durant cette détention, il tombe gravement malade et est hospitalisé en janvier 1916 pour une bronchite sévère.
Libéré après l’Armistice, il est rapatrié en France le 12 décembre 1918, puis affecté à différents corps militaires, notamment le 16e bataillon des infirmiers militaires, avant d’être démobilisé le 13 août 1919 à Toulouse. Affaibli par la guerre et sa captivité, il retourne vivre à Carcassonne, chez sa mère, au 10 rue Place d’Armes.
Une vie marquée par les difficultés
Le 19 février 1920, Gabriel épouse Anna Marguerite Jeanne ROUSSET, une journalière née en 1897. Le couple s’installe à Carcassonne et donne naissance à deux enfants :
- Clémence Jeanne JASSIN, née le 7 août 1920,
- Jean Antoine JASSIN, né le 13 janvier 1922.
Malgré cette nouvelle vie de famille, Gabriel reste un homme marqué par la guerre et ses séquelles physiques. Il obtient sa carte de combattant en 1928, signe de son engagement militaire.
Cependant, sa vie est aussi troublée par des démêlés judiciaires. En 1931, il est condamné à 15 jours de prison pour violences et outrages, mais bénéficie d’une amnistie en décembre de la même année. En 1938, il est de nouveau jugé et condamné à deux mois de prison pour coups et blessures volontaires.
Son mariage avec Anna se détériore, et après 17 ans d’union, ils divorcent le 22 février 1937, une séparation prononcée par le tribunal civil de Carcassonne.
Un destin tragique : victime de la Seconde Guerre mondiale
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Gabriel, désormais âgé de plus de 45 ans, ne participe pas aux combats. Il vit sans profession fixe à Carcassonne, probablement en grande précarité.
Le 20 août 1944, alors que les forces allemandes en retraite commettent des massacres de civils, Gabriel est tué à Carcassonne. Son décès est enregistré à l’Hôpital, et il est officiellement reconnu comme victime civile de guerre.
Son nom figure aujourd’hui sur plusieurs plaques commémoratives à Carcassonne :
- Quai Riquet,
- Parvis Saint-Michel.
Héritage et mémoire
Gabriel JASSIN a connu une vie marquée par les épreuves, entre une enfance difficile, la guerre, la captivité, la maladie, des difficultés judiciaires et un destin tragique en 1944. Son nom est inscrit parmi les victimes civiles de la Seconde Guerre mondiale, rappelant que, même hors du champ de bataille, la guerre a continué à faire des victimes parmi les plus modestes.
Son histoire illustre le parcours d’un homme du peuple, ayant traversé les grandes tragédies du XXe siècle, dont le souvenir est aujourd’hui conservé dans les archives et les mémoriaux de la ville de Carcassonne.
Source : AD11 – MDH – Archives croix rouge
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Recensement 1906 écrit GASSAING